Dans Chine, Voyages un billet écrit par Christine le 26 août 2025
Xining, Qinghai… Il y a fort à parier que ces noms ne t’évoquent pas grand chose, si ce n’est rien, et qu’il t’est difficile, voir impossible, de les situer sur la carte du monde. Peut-être même ne sais-tu pas comment les prononcer! Quoi qu’il en soit, c’était exactement mon cas jusqu’à ce mon amie photographe m’en parle et m’invite à la rejoindre dans cette lointaine contrée pour un fantastique road-trip photo.
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Mon amie Laurence Chellali, qui vit en Chine depuis 10 ans, est tombée amoureuse du Qinghai et s’y est déjà rendue à plusieurs reprises. Lorsqu’elle m’a proposé de l’y accompagner pour un nouveau périple photo, je n’ai pas hésité une seconde. Sans réellement savoir exactement ni où ni comment nous allions voyager, je savais qu’avec elle l’aventure et le dépaysement total seraient au rendez-vous. Et je le dis d’emblée, ce voyage a tenu toutes ses promesses. Je m’en suis mis plein les yeux et le capteur de mon appareil photo est presque tombé en burn out tellement je l’ai sollicité. Quant aux rencontres que nous avons faites, elles ont été extraordinaires d’authenticité et de gentillesse. Bref, je me réjouis déjà de t’en dire et montrer davantage mais commençons par le commencement.
Xining (prononcer « Chining ») est la capitale du Qinghai (prononcer « Ching haï). Nous n’y passons que 24 heures mais cette première étape du voyage est intéressante et mérite ce billet à plus d’un égard. Comme une mise en bouche avant un bon repas, elle permet de se faire le palais à la « gastronomie locale » (à comprendre bien évidemment au sens très large) et de pouvoir mieux apprécier ce qui va suivre. Autre élément à ne pas négliger non plus pour qui n’a pas l’habitude de l’altitude, un arrêt ici est utile pour s’y acclimater.
Nous avons tiré profit de cette journée pour appréhender au maximum la ville, faisant du même coup exploser notre compteur de pas. N’hésite pas à nous suivre dans nos déambulations urbaines pour une première immersion dans ce Qinghai méconnu et découvrir une cité pas vraiment touristique.
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Pour faire simple, le Qinghai est immense et très peu peuplé. Avec ses 721’000 km2, il représente 19 fois la Suisse pour 5,6 millions d’habitants. Au sud-ouest, cette province jouxte celle autonome du Tibet. Historiquement toutes deux sont étroitement liées puisqu’avant les différentes amputations subies depuis 1953, le Qinghai faisait partie du « Grand Tibet » qui comptait trois provinces: l’U-Tsang, l’Amdo et le Kham. Grosso modo, la province chinoise du Qinghai correspond à l’ancienne province tibétaine de l’Amdo. Ainsi, et c’est peu connu en Occident, la zone de peuplement et de culture tibétaine est loin de se limiter à la région administrative autonome du Tibet. Laurence Chellali connaît très bien le sujet. Ne souhaitant pas la paraphraser, je vous invite vivement à aller la lire. En résumé, comme elle le dit pertinemment: « le Qinghai n’est pas une version secondaire du Tibet. Ce n’est ni un substitut, ni une version allégée. C’est un territoire à part entière, au cœur du monde tibétain« .
A noter au passage que pour les ressortissants de certains pays, dont la Suisse, il n’y a désormais plus besoin de visa pour se rendre en Chine. Par contre pour la province autonome du Tibet, il faut un permis spécial.
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En ville
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Xining est une capitale haut-perchée. Elle culmine à environ 2′ 260 m. d’altitude sur la bordure nord-est du plateau tibétain. Cette métropole moderne d’environ 2 mio d’habitants est une ville étrange, enserrée dans un cuvette montagneuse pelée. On peut certes observer quelques arbres mais ils sont encore petits et font partie d’un programme de plantation de grande envergure destiné à lutter contre l’érosion. Comme tant d’autres en Chine, cette cité n’est pas vraiment séduisante avec ses innombrables lotissements de buildings posés là comme autant de boîtes d’allumettes verticales. Rare concession architecturale à un peu de de fantaisie, quelques uns d’entre eux sont coiffés de chapeaux pointus rouges.
Autrefois carrefour sur la route de la soie, Xining est aujourd’hui un important noeud de communication vers l’intérieur du plateau Qinghai-Tibet. Sa population cosmopolite est un véritable melting pot composé de Musulmans (essentiellement des Hui), de Tibétains et de Han. C’est à Xining et dans ses environs que sont en grande partie concentrés les Chinois Han tandis que le reste de la province est faiblement peuplée, principalement de Tibétains.
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A peine arrivés, sur la route qui nous mène à notre hôtel, nous doublons une drôle de petite bétaillère qui transporte un yack. Le décor est posé! Nous sommes au début du mois de mai. A pareille altitude, le printemps n’est pas encore aussi avancé que chez nous mais le temps, bien que frais, est radieux, parfait pour sillonner la ville. Nous partons dans les rues au gré de notre inspiration, avides de tout ce qui attire notre regard et des rencontres avec tous ceux qui croisent notre chemin. La plupart des gens sont souriants et absolument pas farouches vis à vis de nos appareils photo. Quel plaisir de pouvoir les immortaliser en toute décontraction!
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Sur cette place très populaire et dans le parc alentours, les habitants de Xining ont l’habitude de se promener, faire du vélo ou de la gymnastique et jouer de la musique. L’esplanade qui s’étend devant le musée est recouverte d’une carte géante en couleurs représentant le territoire chinois et ses bassins fluviaux. Elle met en valeur le rôle de « château d’eau de la Chine » du Qinghai où le Fleuve jaune, le Yangtsé et le Lancang (qui deviendra le Mékong en Asie du Sud-Est) prennent leur source.
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A la Mosquée
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En venant au Qinghai, je ne m’imaginais pas rencontrer autant de femmes voilées. J’ignorais totalement qu’ici, près d’un tiers de la population est musulmane et que Xining compte plus de 80 mosquées. La plus remarquable d’entre elles a plus de 600 ans d’histoire. Construite à la fin du 14ème s. au coeur de la ville, la Grande mosquée de Dogguan est l’un des plus grandes mosquées de Chine.
Le vendredi, jour sacré de l’Islam, et les jours saints, il y a foule ici. Même si la salle des prières fait plus de 1 100 m² et peut accueillir jusqu’à 3 000 personnes, elle s’avère insuffisante pour les innombrables fidèles qui viennent assister à la prière (50 000 selon Lonely Planet, jusqu’à 300 000 durant le Ramadan). Ils envahissent alors la cour intérieure de la mosquée qui se couvre de tapis de prière. J’aurais aimé assister à un tel rassemblement mais pas de chance, nous y étions un samedi.
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Au marché
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Pour véritablement prendre le pouls d’une ville, rien ne vaut une visite au marché. Y déambuler est la meilleure façon de connaître un pays, une région et ses habitants. Et ça tombe bien, dans le quartier musulman attenant à la mosquée se déroule un marché animé. Epices, viande, légumes, le marché est pour nous une source infinie de curiosités. Mais paradoxalement ici, c’est nous la plus grande curiosité. Car à Xining, il n’y a pas de touristes, pas même chinois, alors tu imagine bien que deux occidentales seules ne manquent pas d’attirer l’attention. Nous le constaterons du reste durant tout notre voyage, partout notre présence intriguera et suscitera des sourires interrogateurs, parfois des petits rires gênés, mais jamais nous n’avons ressenti d’hostilité.
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Attention, nous sommes en Chine, il faut aussi avoir le coeur -et les narines- bien accrochés. Ame sensible ou vegan s’abstenir!
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Au Temple
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Les kilomètres s’accumulent, nous en avons « plein les pattes ». Nous finissons par craquer et empruntons un taxi pour nous rendre au Temple de Nanchan. Ce temple bouddhiste un peu excentré est le plus ancien de tradition Han au Qinghai. Il date de la dynastie Song (997-1065) mais a subi des reconstructions majeures dès la fin du 19ème s. Bâti en terrasse sur les flancs d’une colline, il s’étend sur environ 6 000 mètres carrés. L’effort supplémentaire que nous demande l’ascension d’une longue volée de marches est largement récompensé par la vue imprenable sur la ville qui s’offre à nous au sommet ainsi que par l’ambiance mystique qui règne dans le temple. Une fois de plus en l’espace de quelques heures, nous sommes plongées dans un univers complétement différent et dépaysant. Les images parlent d’elles-mêmes.
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La diversité et la richesse de cette première journée donne le ton de ce que sera la suite de notre périple: passionnante, intense et très diversifiée.
Alors as-tu envie de poursuivre l’aventure avec nous?
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