Au musée Frieder Burda à Baden Baden

Dans Architecture un billet écrit par Christine le 4 juin 2018

Il fut un temps où dans les allées ombragées de cette cité du Sud de l’Allemagne vous auriez croisé la Reine Victoria, l’Empereur Guillaume Ier, Napoléon III, Tolstoï ou Dostoïevski. Aujourd’hui, si les visiteurs sont nettement moins aristocratiques qu’à l’époque où Baden-Baden était la « capitale estivale de l’Europe », la ville a toutefois su conserver une  atmosphère privilégiée hors du temps a laquelle nous avons goûté avec plaisir l’espace d’un petit week-end. Le but de ce billet n’est toutefois pas de vous relater le passé historique de cette ville ni de vous compter mon séjour par le menu mais de parler d’architecture contemporaine et de vous présenter le résultat d’un petit exercice photographique auquel je me suis livrée dans un musée.

 

Au début des années 2000, Frieder Burda, l’héritier du groupe de presse allemand, charge l’architecte new-yorkais Richard Meier de concevoir l’écrin qui abritera sa spectaculaire collection de peinture du XX et XXIème siècle. Meier n’est pas un débutant, il compte à son actif la conception du musée d’art contemporain de Barcelone, le Getty Center à Los Angeles, ou encore l’Eglise du jubilé  à Rome. Connu pour ses immeubles géométriques et surtout son travail sur la couleur blanche, l’architecte crée un immeuble de trois étages à la façade d’aluminium blanc cassé le long de la Lichtentaler Allee. Cette promenade mondialement connue que bordent des hôtels de prestiges et des villas élégantes traverse un parc paysager incomparable plantés d’arbres tricentenaires

Parfaitement intégré dans son environnement, l’extérieur très contemporain est séduisant mais c’est une fois à l’intérieur que j’ai eu un vrai coup de coeur. La structure aérée,  la conjugaison de lumière et de verre confèrent beaucoup d’élégance à cette architecture qu’aucun escalier ne vient « polluer ».  On passe de niveau en niveau par des coursives de bateau suspendues dans un vide dont on est distrait par de grandes ouvertures sur la nature et la ville. Les espaces d’exposition clairement structurés en enfilade sont traités en blanc.  Meier considère que « la blancheur permet de mieux appréhender les idées architecturales – telles la différence entre opacité et transparence, entre plein et vide, entre structure et surface. Ces choses sont plus perceptibles dans un environnement blanc ». Et l’effet est réussi, les visiteurs se rendent immédiatement compte qu’ils se trouvent dans un véritable « musée de la lumière du jour ».

 

 

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 « Dans ce lieu, l’expérience de l’espace et l’expérience de l’art se complètent avec une qualité particulière ».

                                                                                                                     Richard Meier, Architecte

 

 

Je n’aurais pas la prétention de dire que je m’y connais en art contemporain. L’exposition présentée était intéressante mais j’avoue que très rapidement mon attention  s’est détournée des oeuvres proprement dites pour se focaliser sur l’espace environnant. Fascinée par la conception du bâtiment et l’habile manière dont la lumière modèle ces espaces entièrement blancs pour leur donner un volume différent selon son intensité, j’ai sorti mon appareil photo pour tenter différents clichés. J’ai pris un plaisir fou à soigner mes cadrages et à composer des images plutôt graphiques. Pendant de longues minutes parfois, l’oeil scrute tous les éléments dans le viseur veillant à aligner une verticale/horizontale avec le bord du cadre, à insérer une diagonale pile dans un coin, ou à s’assurer d’une parfaite symétrie. Il faut être précis, méticuleux, ce genre de photo n’a rien de spontané. On se déplace, on se baisse ou alors parfois on peste car même en surélevant l’appareil, il manque quelques centimètres pour parvenir au résultat recherché. Mais lorsque l’on obtient enfin ce que l’on veut, c’est tellement jubilatoire .

 

 

 « C’est la lumière qui, dans ce musée, est le matériau le plus important, elle revêt ici une fonction clé ».

                                                                                                                                                                                                                  Richard Meier, Architecte

 

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Je me suis aussi amusée à chercher des correspondances visuelles entre les oeuvres exposées et l’architecture,  à jouer avec les espaces négatifs blancs afin de créer un effet de cadre dans le cadre, et à intégrer une présence humaine dans mes images. Dans ce dernier cas, l’exercice se corse un peu car la prise de vue nécessite un déclenchement plus rapide, moins maîtrisé. Mais en se positionnant au bon endroit et en attendant patiemment que quelqu’un traverse le cadre, ce qui arrive fatalement, on arrive à ses fins.

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Dans le même esprit, je vous avais déjà présenté des images en noir et blanc réalisées au musée Paul Klee à Berne.  Avec ces nouvelles images, j’expérimente cette fois-ci une approche en couleur de la photo en musée qui je l’espère retiendra votre attention.

 

 

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21 Responses to “Au musée Frieder Burda à Baden Baden”

  1. christine dit :

    comme d’habitude j’adooooore!. merci Christine pour ces superbes compositions. Bisous

  2. Awena dit :

    Bonjour Christine. Long time no speak.
    Très graphique. J’aime le jeu avec les lignes produites par la lumière et l’ombre sur les photos 2, 11 et 13. Toujours heureuse de te lire. A bientôt sur Instagram.

    • Christine dit :

      Hello Awena,
      So nice to read you again 😉 Je suis ravie que ce petit exercice t’ait intéressée. A bientôt ici ou ailleurs…

  3. J’adore ces architectes qui disent que le blanc est le matériau de la lumière par excellence. Ca se voit qu’ils ne font pas le ménage 😉 😉 😉 😉 Blague à part, merci pour cette visite immaculée, j’ai mon coup de coeur pour la 11ème photo 🙂 De grosses bisettes !!!

    • Christine dit :

      Ah chère Laurence, c’est tout toi de penser au ménage 😉 Ce bâtiment n’a pas la démesure de l’architecture moderne chinoise mais c’était une jolie occasion de m’exercer à ce type de photo… Bécots helvétique ma belle!

  4. J’adore cet exercice, il faudrait d’ailleurs que je trie mes photos su musée Soulages (et je crois avoir déjà écrit cela sur ton blog quand tu avais publié le billet sur Klee …) mais je sais que je n »ai pas ta patience, c’est certain !! Bises et merci pour cette balade « photo-graphique » !!!

    • Christine dit :

      Il n’est jamais trop tard pour revenir sur certaines photos. J’ai aussi mis quelques temps à traiter cette série. Un peu de recul est souvent bénéfique. Alors vas-y, je suis sûre que tu redécouvriras tes images avec plaisir. Merci pour ton comm et à bientôt. Bisettes .

  5. C’est coloré, taillé au cordeau, bref, j’adore ! 😀
    Le lieu est impressionnant tellement il est blanc et lumineux, l’architecte a gagné son pari ! 🙂

    • Christine dit :

      Pour ce genre de photo, il ne faut pas être pressée. Heureusement que Monsieur était occupé à écouter l’audio guide 😉 J’ai eu le temps de soigner mes cadrages sans stress! Merci Anne

  6. Anne dit :

    Ces lignes très simples et pures laissent la place pour les oeuvres, c’est beau!

    • Christine dit :

      J’aime vraiment beaucoup ces architectures contemporaines sobres et lumineuses. On est loin des musées sombres et poussiéreux d’antan heureusement!

  7. Pancho dit :

    Superbe travail, j’adore ces photos: le choix de tes cadrages, la recherche des lumières… Tu mets de la poésie et de la rondeur dans un monde très graphique. Vraiment superbe

  8. Marie dit :

    Hello Christine !
    J’ai l’impression que le lieu se prête plutôt bien à la mise en valeur des oeuvres … l’architecture est tellement dépouillée. C’est intéressant aussi bien pour le photographe qui recherche des images épurées, que pour la lecture des oeuvres qui ne sont pas encombrées de tout ce qui peut être autour. J’aime bien la 12 et la 11 .. c’est intéressant lorsque tu intègres quelques personnages (concentrés, étonnés …), j’aime également beaucoup la 6 tellement dépouillée 🙂
    Merci pour la visite Christine !

    • Christine dit :

      Coucou Marie,
      Tu as entièrement raison, Comme je l’ai écrit à Anne, on est loin des vieux musées sombres, poussiéreux qui ne mettait pas vraiment en valeur les oeuvres exposées. Je trouve que ces constructions contemporaines tellement dépouillées sont propices à la méditation, elles nous « éclaircissent » les idées tout en nous permettant de contempler du « beau ». Merci de partager tes coups de coeur, c’est toujours intéressant pour moi de savoir quelles photos retiennent le plus l’attention. A bientôt Marie.

  9. Cécile dit :

    Bonjour Christine,
    je cours en cette fin d’année et j’arrive « tard » pour lire ton bel article. Mais je me suis régalée, et ça donne trrèèèès envie de se déplacer pour une visite. J’ai particulièrement apprécié les photos 12 et 13, mais de fait la variété de tes photos est pleine de richesse pour le lecteur. Merci pour ce beau partage, je te souhaite une belle semaine.

    • Christine dit :

      Ne cours pas surtout pas, prends ton temps Cécile 😉 ici on vient juste pour se faire plaisir! Je suis heureuse que tu aies aimé la visite et te remercie de t’être donnée la peine de laisser un comm. La photo 12 recueille pas mal de suffrages semble-t-il… A bientôt

  10. Mireille dit :

    Merci Christine de ta visite photographique au Musée Burda. Vraiment très réussie ! Entre les lignes, les volumes, la lumière…
    J’apprécie tout particulièrement ton jeu entre les êtres humains et les photos et/ou volumes architecturaux. Tu as vraiment bien capté les «échos » et les lignes. Amitiés

  11. Olivier dit :

    Bonjour Christine,
    Votre article est intéressant.
    J’aimerais savoir la référence de cette citation de Meier  » la blancheur permet de mieux appréhender les idées architecturales – telles la différence entre opacité et transparence, entre plein et vide, entre structure et surface. Ces choses sont plus perceptibles dans un environnement blanc »

    Merci

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