Dans Clin d'oeil un billet écrit par Christine le 13 novembre 2014
Ce dimanche matin de fin d’octobre, je suis restée un bon moment debout dans le hall de la gare de l’Est à Paris, les yeux mi-clos, sans chercher à prendre des photos. Dans ce lieu de mobilisation qui a vu défiler des millions de soldats se rendant au front lors de la guerre de 14-18, puis lors du 2ème conflit mondial, c’est comme si j’avais rendez-vous avec l’histoire.
La plus ancienne des grandes gares parisiennes actuelles a longtemps été réputée comme la plus belle du monde, par son esthétique et ses qualités techniques.Ses façades et toitures, ainsi que les deux halls d’arrivée et de départ sont du reste inscrits aux monuments historiques depuis 1984. Au fond, sur le fronton du hall, est exposé depuis 1926 le grand tableau du peintre américain Albert Herter intitulé « Le Départ des poilus, août 1914 ». Cette toile illustrant des hommes et des femmes se pressant sur le quai, s’embrassant à la fois graves et enthousiastes donne le ton (on en aperçoit un fragment en bas à gauche de la photo ci-dessus). A contempler cette oeuvre, j’en arrive presque à percevoir le bruit des bottes sur le dallage, l’excitation du départ, l’angoisse des proches venus prendre congé de ceux qui partent au combat. Et flottant dans le ciel de verre, les photos monumentales de Didier Pazéry donnent des visages à ceux qui ont connu l’enfer du front de la 1ère guerre mondiale.
Didier Pazery a immortalisé les derniers poilus entre 1994 et 2007 et composé, des portraits d’anciens soldats posant avec leur cliché d’époque. Avec près de 80 grands formats exposés à l’intérieur et à l’extérieur de la gare, l’exposition offre une plongée au coeur de cet épisode historique qui fête cette année son centenaire.
Touchée tant par le lieu que par son histoire et les portraits de ces anciens combattants, j’ai finalement saisi mon appareil pour tenter de retranscrire ce que j’avais ressenti. J’ai pris le parti d’utiliser les forts contrastes de luminosité que j’ai encore accentués au post-traitement, afin non seulement de valoriser le graphisme du bâtiment mais également de mettre en évidence ces portraits qui me semblaient surgir d’une autre dimension.
L’exposition « 14, visages et vestiges de la grande guerre » du photographe Didier Pazéry est visible à la gare de l’Est à Paris jusqu’au 30 novembre prochain.
Poilu versus Chevelue…
C’est très beau, austère et émouvant à la fois. J’aime ton regard, ta vision. Mon arrière grand oncle, poilu, qui nous a souvent parlé de cette guerre aurait été très touché. C’est délicat pour moi d’en dire plus. Merci.
J »imagine bien que pour les proches de ces poilus le travail de Pazéry est particulièrement émouvant. Merci à toi Cécile d’avoir partagé ton ressenti.
Souvent en transit dans cette belle gare pour aller en Allemagne, c’est chaque fois que je m’extasie dans ce lieu (c’est la partie germanique qui parle…) ! L’exposition trouve sa juste place ici, à un carrefour d’Europe, où les TGV partent vers l’Allemagne, où les annonces se font dans les deux langues. Un beau travail de mémoire que vous avez bien fait de le signaler
J’ignorais que les annonces se font dans les deux langues dans cette gare. Merci de me l’apprendre. C’était mon premier passage dans cet endroit. Lorsque je biens à Paris en TGV depuis Lausanne, c’est à la gare de Lyon que j’arrive!
Un bel hommage et de superbes photos, au traitement parfait. Je suis particulièrement touchée par celle avec Raymond Abescat à cause de l’assemblage réalisé, mais en ne considérant que tes propres photos la une et la 4 sont saisissantes.
Les photos de Pazéry sont effectivement très bien composées et valent vraiment que l’on s’y intéresse. Depuis en bas,, il était assez difficile de bien cadrer ces photos., d’autant plus que je n’avais qu’une focale fixe de 20mm sur mon hybride. J’aurais aimé pouvoir monter à l’étage qui surplombe le hall, mais c’était impossible hélas.
Tout à fait d’accord avec Pastelle : le parallèle entre le cerceau d’enfant et la roue du fauteuil roulant est plein d’émotion… et tes photos du hall avec ces structures métalliques sont magnifiques ! Je ne connais pas cette gare, mais lors d’un prochain voyage à Paris, j’irais voir. J’ajouterai un petit faible pour la dernière, pour la touche humoristique 🙂
Dépêche-toi, l’exposition ne dure que jusqu’à la fin de ce mois! Merci de ta visite Céline.
Une belle façon de leur rendre hommage. Dire que je ne suis jamais allée à cette gare !
Le pigeon voyageur que tu es ne manquerai certainement pas d’y faire un petit tour lors d’un prochain passage à Paris , non ? 😉
J’en ai des frissons!
Quand on met des visages sur l’Histoire, c’est souvent émouvant!
un moment que je ne suis pas passée gare de l’est, mais ton post donne envie d’aller y faire un tour.
Très beau post, comme toujours.
Bon we
N’hésite pas, l’exposition à l’extérieur de la gare est intéressante également. Bonne soirée Marie.
Une bien belle série dans lequel tout ton art du cadrage et de la composition est au service d’un témoignage fort. C’est un jeu de correspondances ( 😉 ) entre photographies dans lequel le décor s’invite aussi. Elles sont toutes superbes.
Tu as tout à fait raison, Isa, c’est un jeu. J’aime essayer de montrer les images d’un autre en les intégrant dans le lieu et en en donnant ma propre interprétation. Merci pour ton compliment.
Un double hommage, le tien et celui de Didier Pazéry, amplement mérité pour ces poilus qui en sont revenus mais aussi pour tous ceux qui y sont restés, et dieu sais s’ils sont nombreux.
Ton traitement est parfaitement adapté et réalisé pour l’ensemble de la série avec en ce qui me concerne un faible pour la 4. J’aime bien aussi le décalage des éléments de la dernière.
Et je crois savoir que le dernier des vétérans de cette grande guerre s’est éteint en 2011. Ils font tous désormais partie de l’Histoire… Quant à la dernière, je suis contente qu’elle t’ait fait sourire (enfin j’espère!).
Et voilà, encore une grosse claque … Je trouve ça dingue que tu réussisses toujours à trouver des compositions nickel sur des sujets aussi difficiles. Et le post traitement très contrasté est top.
Bravo madame Christine 😀
Merci beaucoup Vero. Tu sais, le post traitement très contrasté s’est imposé aussi pour simplifier l’image. Je voulais vraiement que l’oeil ne soit pas distrait par les nombreux éléments perturbateurs que je n’ai pu exclure à la prise de vue et qu’il se concentre sur les photos de Pazéry et la structure du bâtiment. Bonne fin de semaine
Bonsoir Christine,
Ton billet est un bel hommage. Avec un traitement très contrasté, tu as su mettre en évidence ces personnages aux traits marqués. Beaucoup d’émotions et d’humanité dans cette expo, c’est touchant !
Bonjour Marie, pour le post traitement, je te renvoie à la réponse que j’ai donnée à Véro. Ce qui m’a beaucoup touchée, c’est de réaliser que ce que ces poilus avaient à peu près l’âge de ma grand-mère., et que ce qu’ils ont vécu , même si cela nous semble très loin de notre vie actuelle,, ne l’est pas tant que cela… A bientôt
Etonnante cette photo de poilu juste au dessus d’une publicité tellement contemporaine …. je crois bien que je ne connais pas la gare de l’Est et visiblement les lieux se prêtent bien à ce type d’exposition !
L’effet de perspective est faussé. La pub ne se trouvait pas sous la photo du poilu mais décalée sur la droite en avant. C’est le similitude des attitudes qui a attiré mon attention. J’ai ensuite dû patienter qu’une famille assise sur un banc juste devant l’affiche daigne lever le camp pour pouvoir déclencher 😉 Bonne fin de semine Isa.
Un bel hommage où le noir et blanc s’impose effectivement, entre les photos originales en n&b et la structure des verrières en contre-jour de la gare : tous les ingrédients y étaient !!
C’est la spécialiste du contre-jour qui le dit 😉 Merci de ta visite cocotte!
Cette grande guerre a une résonnance toute particulière … c’est si proche de nous ! Je suis toujours très émue quand je vois ces photos ou les reportages en imaginant mes arrières grand-parents pris dans cette tourmente !
Je connais bien cette gare : j’habite à cinq stations et c’est via cette gare que je suis « arrivée » à Paris puisqu’originaire de Lorraine. Plus élégante que les autres gares parisiennes, plus petite aussi. Bel hommage que tu rends aux Poilus en leur offrant une nouvelle fenêtre sur ta page. J’aime ces contrastes forts qui font ressentir le drame des événements mais aussi ressortir le graphisme du lieu.
Un traitement fort, pour un sujet qui ne l’est pas moins… Chapeau !