Kiruna, la ville qui déménage
Dans Laponie un billet écrit par Christine le 16 janvier 2014
Vous souvenez-vous ? Au mois de mars dernier, j’étais partie une semaine en Laponie. Ce voyage avait fait l’objet de quelques billets mais avec l’arrivée de la belle saison, cette série de neige et de froid m’avait parue incongrue. Je l’avais donc suspendue. L’hiver revenu, j’ai envie de partager avec vous encore quelques tranches de mon périple scandinave. Habillez-vous chaudement et direction le nord de la Suède, au-delà du cercle polaire.
A quelques kilomètres à peine de l’hôtel de glace où nous avons passé une nuit mémorable, nous arrivons à un gros bourg qui semble endormi dans son manteau blanc, adossé à une colline. Mais nous ne nous fions pas à cet engourdissement, il n’est qu’apparent. Vu de loin, Kiruna ne paie certes pas de mine mais gare au jeu de « maux ».
La partie visible de la mine de fer à l’extérieur de la ville
Créée de toute pièce en 1900 pour accueillir les habitants attirés par la découverte d’un gisement de fer, la ville la plus septentrionale de Suède est en perpétuel mouvement. Posée sur une gigantesque mine de fer, la plus grande au monde, Kiruna est aujourd’hui menacée de disparaître dans les entrailles de la terre en raison même de l’extraction du minerai qui fait sa prospérité. Parce qu’il faut creuser toujours plus profond, à 1365 mètres sous terre exactement, le sol se fissure et le bourg est menacé. En 2004, la compagnie publique LKAB qui exploite le minerai a annoncé à la mairie que l’extraction risquait de faire s’effondrer des bâtiments et qu’il fallait déménager. D’ici trois ans, des bâtiments vont être évacués puis détruits, obligeant à reloger leurs habitants.
Avec le temps des travaux pharaoniques attendent la cité. Les routes seront déplacées et plusieurs quartiers seront démantelés. Certains édifices, associés à la mémoire de la ville seront démontés puis réassemblés comme des légos à leur nouvelle adresse, à environ trois kilomètres au nord. Tel sera le cas de la la gare et de la monumentale église en bois rouge, aux faux airs de tente lapone, offert par LKAB à Kiruna en 1912. Le déplacement d’ici une vingtaine d’années de ce bâtiment qui fait la fierté de ses habitants marquera la fin de l’opération.
Pour l’heure, elle trône fièrement au somment d’une petite colline au milieu d’une paisible forêt de bouleaux.
Les habitants font preuve de fatalisme. Il faut dire que si la poursuite de l’exploitation de la mine entraînera l’effondrement d’une partie de la ville, l’arrêt de son exploitation signerait sa mort économique. Un habitant sur 10 travaille pour LKAB dont les salaires sont particulièrement attractifs. Et ce chiffre ne prend pas en compte les armées de sous-traitants et les emplois induits. Pour vous donner une idée de l’importance de cette exploitation, imaginez que l’on extrait chaque jour du gisement autant de minerai qu’il faut pour construire cinq tours Eiffel.
Nous n’avons fait qu’une brève halte dans ce gros bourg d’environ 20’000 habitants. Hormis son église tout à fait remarquable et l’histoire liée à sa mine, elle n’est pas vraiment séduisante et ne retient pas le touriste lamba. En raison de son aéroport, elle sert surtout de point de départ pour des excursions dans le nord de la Suède ou en Norvège toute proche.
29 Responses to “Kiruna, la ville qui déménage”
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Très intéressante l’histoire peu commune de cette ville. Et j’aime beaucoup le choix des prises de vues, les ambiances. Je continue donc ainsi à être séduite par les pays du froid. Il est tant vraiment que je retourne en Islande!
Tu es déjà allée en Islande? Quelle chance, ça m’a tout l’air d’être le graal du photographe 😉 Actuellement, j’ai un peu la nostalgie de ce nord, froid certes, mais tellement lumineux. Merci Cécile pour ce retour très positif.
oui, je suis allée fin décembre 2010 en Islande, et c’est à l’issue de ce voyage que je me suis mise à faire de la photo! (bien sûr le « tant » du post précédent est temps. Désolée pour l’erreur. 🙁
Magnifique, et de saison en effet. J’ai navigué sur ton très beau site avec un grand plaisir, l’art du laque Birman m’a éblouie, que le monde est beau ! Merci pour ce doux moment. brigitte
Bonjour et bienvenue à toi Plumes d’Ange, c’est toujours un immense plaisir de découvrir de nouveaux lecteurs et ton commentaire me fais rougir de plaisir. J’espère que tu reviendras faire un petit tour par ici un de ces quatres…
C’est rigolo, hier soir, au milieu de nos élucubrations « designesques » je n’ai même pas pris le temps de bien regarder le contenu des tes photos ni de ton texte 😉
C’est peut-être une ville sans intérêt touristique et surtout industrielle mais tu as su nous la rendre attrayante avec des photos « bien prises et bien choisies » ! Loin de smbler déprimante, cette petite ville semble au contraire joyeuse et on dirait qu’il fait bon y vivre même si elle va s’écrouler sur elle-même d’ici peu de temps ! C’est dingue quand même …
Le temps est frisquet mais à quoi s’attendre d’autre en Laponie ? Tes photos confortent nos fantasmes du grand nord, toujours plongé dans la neige mais sous un ciel bleu et avec une lumière splendide. Que demander de plus ?
Tu es courageuse et vraiment sympa de prendre la peine de lire cet article qui doit te sortir par les oreilles après notre prise de tête d’hier soir sur la mise en page. La neige et la lumière sont pour beaucoup je pense dans ton appréciation de cette petite bourgade qui je t’assure n’est pas vraiment folichonne et peu animée (en tous cas le matin où j’y étais). Quant au Nord, ça vire à l’obsession chez moi ces jours.Les grands espaces, l’air sec et transparent, j’ai vraiment envie d’y retourner là tout de suite… Et merci pour tes compliments sur mes photos. J’ai beaucoup tourné autour de cette magnifique église rouge pour trouver le meilleur angle. On ne s’imagine pas qu’il y avait autant de neige. En voulant prendre l’avant dernière photo, je me suis enfoncée jusqu’à la taille. Je n’arrivais plus à ressortir et me suis débattue un bon moment, le reflex à bout de bras pour réussir à émerger! La photo est un vrai sport jte dis 😉
J’ai vu Narvik, terminal norvégien de la ligne de chemins de fer construite pour acheminer le minerai de fer jusqu’aux bateaux, en 1972. Je peux te dire que ce gros bourg n’avait rien de romantique ou de touristique, à l’instar du Kiruna pourtant plus moderne que tu nous décris. Nous n’y avons passé que les quelques jours nécessaires pour relever notre courrier: les paysages nordiques, hors l’industrie, nous avaient conquis! J’arrive à comprendre ta déception face à ces petites villes tristounettes, malgré la belle épaisseur de la neige! Ta photo no 3 est absolument charmante!
Ah oui, je me souviens que tu m’as dit être allée dans le Nord il y a quelques années 🙂 Nous sommes également passé brièvement à Narvik, essentiellement en raison de son passé lors de la dernière guerre mondiale. Mr. chéri voulait absolument voir cette ville qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable.. J’ai par contre beaucoup aimé les paysages traversés pour y arriver, la route côtière était très belle avec des lumières somptueuses. bon Week-end Gine.
Les paysages enneigés te manqueraient-ils Christine ? .. et bien moi, je les apprécie 😉 ces paysages sont lumineux, et ça fait un bien fou ! quant à l’histoire de cette ville, elle est bien triste, je me demande comment on peut arriver à des situations comme celle-ci sans trouver de solutions.
Oui, c’est vrai que j’ai envie d’un vrai bel hiver. Heureusement, la montagne n’est pas très loin de chez moi, ce qui me permet de temps en temps d’aller voir la neige. Quant à cette ville, ce ne doit pas être facile pour ses habitants d’être contraints de quitter leur logement. Ceci dit, quel travail incroyable doivent représenter le démontage et la reconstruction de ces bâtiments. Belle fin de semaine à toi Marie.
Et la voila la neige réclamée sur le précédent post !!! DE fort jolis cadrage et lumières . michel
Heureusement que je peux de temps en temps puiser dans mes archives photos 😉 Bienvenue à toi ici Michel et merci de toncomm. A bientôt j’espère.
Merci pour cet article retraçant l’histoire de Kiruna. Très intéressant!
Les photos sont aussi très belles, j’aime beaucoup les deux premières, le traitement est extra!
Je suis vraiment contente que ces quelques informations t’aient intéressée. Bon w-e à toi.
Une histoire qui rend ce village touchant et de jolies photos pour l’accompagner. Dommage le petit format des horizontales…
Ah la la, La mise en page de ce nouveau blog est un vrai casse-tête et nécessite encore de nombreux ajustements. Des problèmes encore non résolus avec la version « responsive » du thème ne permettent pour l’instant pas d’afficher correctement les photos horizontales à leur taille normale.Il est vivement conseillé de cliquer sur les images afin de les afficher en plus grande taille. J’espère arriver rapidement à une meilleure solution.
Eh bien, si cette ville ne retient pas le touriste, ton billet m’a bien retenu : merci pour l’histoire de cette ville qui m’a intéressée. Pour les photos, j’aime beaucoup la deuxième avec cette masse de nuage et fumée qui couvre la majeure partie de l’image. bonne soirée. Nathalie
En fait, fumée et nuages se confondent! Merci de ta visite Nathalie.
J’ai du mal à imaginer qu’une ville puisse disparaitre sous terre du fait du traitement minier … ceci dit, les photos ou l’on voit la fumée sortir des mines sont vraiment impressionnantes !
C’est d’autant plus incroyable que lorsqu’on se trouve dans cette ville, on ne soupçonne rien de cette activité souterraine (enfin, si comme moi on y reste que quelques heures).
Tout d’abord, bravo pour ce nouveau site qui a une allure et un ressenti de pro ! C’est toujours pour moi un grand plaisir de découvrir tes histoires et tes photos. Celle-ci est particulière et assez triste pour les habitants qui vont devoir tout changer…même s’il ne s’agit que de 3 kilomètres…C’est demander beaucoup d’efforts à chacun pour refaire la même chose un peu plus haut. Mais comme la ville va disparaitre….
A bientôt.
Oui pour les habitants, surtout les plus âgés qui ont vécu toute leur vie dans leur maison, ce doit être vraiment difficile de devoir déménager. Mais quand on a pas le choix… Merci pour tes compliments qui me vont droit au coeur:-)
Bonjour,
J’aime beaucoup la nouvelle présentation.
Et la « vraie » identité, c’est un grand pas, que dis-je, un saut d’un monde à un autre.
Je suis venue en Suisse, à Lausanne, seule. J’avais besoin de passer du temps avec une amie de l’école d’art que je n’avais pas revue depuis si longtemps.
C’était salutaire et j’ai hâte de revenir. Je te tiendrai au courant 😉
Tous mes voeux pour 2014!
Quel plaisir de te relire, Christiane:-) . Merci de ta visite. Je suis ravie que cette nouvelle présentation plaise à l’artiste que tu es.
J’avais vu un reportage à la TV au sujet de cette ville, quelle aventure pour ses habitants !Bravo d’avoir bravé le froid pour nous montrer ces images !
Dommage que je n’ai pas vu ce reportage qui m’aurait bien intéressée. Merci de ton passage ici.
Je ne retrouve pas le com que j’ai laissé hier soir.
Je disais que j’aimais bien ce nouvel espace et que de mettre ton nom était un grand pas.
Voili voilà, je disais d’autres choses encore mais je pense que tu vas le retrouver.
Bises!
Je suis allée le repêcher dans les spams (va savoir pourquoi). Tout est bon maintenant, j’ai dit à mon logiciel que tu n’es pas un méchant virus 🙂